Une publication scientifique qui fait l’actualité, comme en témoigne cet article de Reporterre.
Deux scientifiques du Lawrence Berkeley National Laboratory proposent de créer une nouvelle catégorie d’ouragans sur la traditionnelle échelle de Saffir-Simpson – échelle de classification de l’intensité des ouragans en fonction des dégâts causés par le vent. Cette échelle, créée dans les années 1970, s’arrête actuellement à la catégorie 5 qui englobe tous les ouragans dont les vitesses de vent sont supérieures à 250 km. Les auteurs de cette étude proposent de créer une 6e catégorie, pour améliorer la prévention des risques encourus lorsque les vents dépassent les 309 km/h. Sur les 190 cyclones enregistrés entre 1980 et 2021, 5 rentrent dans cette catégorie, et ces 5-là se sont produits au cours de la dernière décennie. Donc, sur la base de la force du vent, cela semble être pertinent de créer cette 6e catégorie, car on doit s’attendre à ce que les cyclones s’intensifient davantage avec le réchauffement climatique. En effet, si le changement climatique n’entraîne pas forcément plus de cyclones tropicaux au total, la proportion des cyclones les plus intenses (avec plus de pluies et des vents plus forts) augmente avec le réchauffement planétaire (IPCC AR6 WG1, Chapitre 11).
A quoi est dû l’intensification des cyclones avec le réchauffement ?
D’une part, à une évaporation plus importante à la surface des océans plus chauds, qui conduit à une augmentation de la vapeur d’eau dans l’atmosphère. Et d’autre part, à une loi fondamentale de thermodynamique, la « fameuse » relation de Clausius-Clapeyron qui, grosso modo, nous dit qu’une atmosphère plus chaude peut contenir plus d’eau à l’état vapeur. Et de manière générale, la vapeur d’eau dans l’atmosphère constitue le principal carburant des systèmes orageux et des cyclones tropicaux. Je n’en dis pas plus pour l’instant sur le rôle de l’humidité atmosphérique dans le changement climatique ; je ferai un article plus détaillé là-dessus bientôt.
L’ajout d’une catégorie 6 fait débat parmi les scientifiques
Pour en revenir à cet article scientifique… L’idée de créer une catégorie supérieure sur l’échelle de Saffir-Simpson pour mieux prendre en compte les ouragans plus intenses ne fait pas l’unanimité parmi les scientifiques. Certains scientifiques pensent qu’il serait plus pertinent de créer une échelle qui tienne compte d’autres paramètres en plus de l’intensité du vent, tels que les précipitations et l’amplitude de la marée de tempête (cette dernière étant une cause majeure de dégâts associés aux submersions marines) plutôt que de rajouter une catégorie supplémentaire à l’échelle de Saffir-Simpson ; la catégorie 5 étant déjà conçue pour prendre en compte des dégâts maximaux liés à l’intensité des vents.